KONONO N°1 est l'un des principaux représentants d'un style spectaculaire qui fleurit dans les faubourgs de Kinshasa, dénommé là-bas "tradi-moderne", ou musique traditionnelle électrifiée.

Pour pouvoir continuer à assumer leur fonction sociale en se faisant entendre des ancêtres (et de leurs concitoyens) au milieu du vacarme urbain, ces musiciens traditionnels ont dû avoir recours à l'amplification bricolée de leurs instruments et aux "lance-voix" (mégaphones). Cette électrification de fortune a provoqué une mutation radicale de leur son, introduisant des distorsions qu'ils ont intégrées à leur style.

KONONO N°1 a été fondé durant les années 60 par MINGIEDI MAWANGU, virtuose du likembe (instrument traditionnel composé de lamelles métalliques fixées à une caisse de résonance, parfois dénommé sanza ou "piano à pouces"). En expérimentant avec des éléments prélevés dans de vieux alternateurs de voiture, Mingiedi avant inventé son propre likembe électrique, branché dans un ampli guitare. Le groupe comporte généralement deux ou trois joueurs de likembes électriques (médium, aigu, basse), une section rythmique mêlant percussions traditionnelles et bricolées (couvercles de casseroles, pièces de voitures), des chanteurs, des danseurs et une sono munie de "lance-voix" (photo en haut à droite)

Les musiciens sont originaires d'une région située à cheval entre le Congo et l'Angola. Leur style emprunte largement aux musiques de transe bazombo mais il leur a fallu littéralement composer avec la distorsion du système d'amplification, au départ non voulue mais inévitable. C'est ainsi que pour s'adapter à cette contrainte nouvelle Konono N° 1 a développé un style unique qui les a rapproché fortuitement de l'esthétique du rock et de la musique électronique les plus "extrêmes", tant par leurs sonorités que par leur volume (Konono N°1 joue devant un mur de baffles) et leur 'groove' implacable.

Le premier enregistrement de Konono N°1 à paraître hors du Congo est un morceau inclus dans la compilation Zaïre: Musiques Urbaines a Kinshasa, enregistré en 1978 par Bernard Treton pour Ocora, et publié durant les années 80. Ce morceau frappe l'imagination du musicien et producteur belge Vincent Kenis, qui n'aura de cesse d'essayer de retrouver le groupe, durant ses voyages au Congo. Il finit par rencontrer les musiciens au début des années 2000, et les convainc d'enregistrer (enfin) leur premier album, intitulé Congotronics, qui paraît chez Crammed Discs en 2004. 

Cette parution est un choc. Le son inouï et hypnotique du groupe enthousiasme instantanément les medias et publics indie, rock et électronique, tant en Europe qu'aux USA. La presse américaine est hyperbolique (le New York Times, Newsweek et le Village Voice, par exemple, citent en vrac Kraftwerk, Lee Perry, Jimi Hendrix, Miles Davis et le Krautrock…). L'engouement est tout aussi remarquable parmi les musiciens indie: Konono N°1 devient une référence obligée, et sa musique citée comme source d'inspiration par d'innombrables artistes, de CocoRosie, Grizzly Bear, Andrew Bird, Wilco ou Animal Collective à Thom Yorke, Björk ou Beck.

Suivent ensuite l'album Live at Couleur Café (nommé aux Grammy Awards en 2008) et un deuxième album studio, Assume Crash Position (2010). 


Dans l'intervalle, Björk invite Konono N°1 à participer au titre Earth Intruders, co-produit par Timbaland et paru sur son album Volta (2007). Herbie Hancock invite ensuite le groupe à participer à son album The Imagine Project. La chanson enregistrée par Konono N°1 aux cotés de Seal, Pink, Jeff Beck, India.Arie et Oumou Sangare obtient un Grammy Award dans la catégorie "Best Pop Collaboration" en 2011. 


En 2010, Crammed Discs publie Tradi-Mods Vs. Rockers, un album multi-artistes en hommage à la musique de Konono N°1 et Kasai Allstars, contenant des interprétations et reprises par 26 musiciens des scènes indie rock et électronique (dont Deerhoof, Animal Collective, Juana Molina, Shackleton, Aksak Maboul, Mark Ernestus...). L’année suivante, Konono N°1 fait partie du projet Congotronics vs Rockers, un "supergroupe" incluant dix musiciens congolais et dix rockers indie, qui collaborent pour créer un répertoire commun et se produisent dans salles et festivals prestigieux d’une dizaine de pays.   


En 2011, Konono N°1 participe au projet Congotronics vs Rockers,  un "super-groupe" réunissant dix musiciens congolais et dix musiciens indie rock (aux côtés de membres de Deerhoof, Wildbirds & Peacedrums, Kasai Allstars, Skeletons ainsi que Juana Molina), qui on t collaboré afin de créer un répertoire commun et se sont produits dans quinze festivals majeurs répartis dans dix pays.

Konono N°1 s'est notamment produit dans le cadre de festivals rock tels que Coachella, ATP (à l'invitation  de Matt Groening, le créateur des Simpsons !), Sonar, The Big Chill, ainsi que dans des clubs tels que le Berghrain à Berlin et le Café Oto à Londres, où le groupe a récemment fait une Boiler Room Session.

Le fondateur de Konono N°1, Mingiedi Mawangu, est mort le 15 avril 2015, à l'âge de 85 ans. Il avait cessé de tourner avec le groupe vers la fin des années 2000, et avait transmis le flambeau à son fils Augustin Makuntima Mawangu.

En 2016 paraît l'album Konono N°1 meets Batida.