"Maskarada"
CD
2. Lezghinka (Khachaturian)
3. Danza ritual del fuego (de Falla)
4. Waltz from Masquerade (Khachaturian)
5. In A Persian Market (Ketèlbey)
6. De cand ma aflat multimea (Taraf de Haidouks)
7. Mazurka (Liszt)

Dans cet album (le premier depuis l'impressionnant Band Of Gypsies, paru en 2001), le Taraf de Haïdouks s'attaque à la musique classique !

De nombreux compositeurs du début du XXeme siècle se sont inspirés de thèmes de musique traditionnelle. Des Balkans à la péninsule Iberique, de l'Angleterre à la Russie, ils ont puisé dans les folklores nationaux à travers les minorités (notamment Rom) présentes dans leur pays, et ont souvent cherché à traduire une vision représentative d'un Orient exotique, exubérant, mystérieux (et largement imaginaire).

Juste retour des choses, voici que le plus célèbre des groupes tsiganes des Balkans se réapproprie des pièces de Bartok, Khachaturian, Kosma, Ketelbey, Manuel de Falla, Albeniz ou Liszt pour les faire sonner à sa façon en les "re-tsiganisant" de façon tout à fait réjouissante…


La majeure partie de l'album se déroule dans une salle de concert virtuelle, que le Taraf finit par quitter subrepticement pour revenir vers le type de répertoire auquel ils nous ont habitués… non sans passer par diverses étapes: nous nous retrouvons d'abord dans un  cabaret, lieu dans lequel les musiciens tsiganes exécutent depuis longtemps des adaptations d'oeuvres classiques afin de divertir leur public en début de soirée. Après une pièce qui met en valeur le jeu de cymbalum et la voix de Virginica Dumitru (la toute première musicienne invitée  par le Taraf de Haïdouks) et une interprétation de thèmes extraits des Portes de la nuit (musique originale composée par Joseph Kosma pour le film de Carné), l'album se clôture dans une ambiance endiablée, caractéristique des concerts du groupe.


Extrait de la présentation par Jean-Stéphane Brosse:


Voilà de quoi surprendre. Le Taraf de Haïdouks en terrain classique, s'aventurant sur les partitions balisées de Bartók, de Falla ou Khatchaturian. De quoi surprendre d'entendre les lautari de Clejani sur un rythme à trois temps, ou une danse du feu hispanisante. Il y a pourtant bien une logique à tout cela. Cette logique régionale balayée depuis des siècles par le souffle tsigane, ces violons et cymbalums qui colportèrent et métamorphosèrent le folklore, puisant aussi bien dans la musique savante, pour jouer à la cour des grands, que dans les chants traditionnels. Leur interprétation faisait chavirer les têtes et devint elle-même source d'inspiration pour les compositeurs "nationalistes" du XIXe et du XXe, en quête de racines locales. Bref, un va-et-vient permanent, au point qu'on ne sait plus qui vraiment se déguise: l'orchestre tsigane rural jouant une valse de Strauss ou l'orchestre occidental jouant "à la hongroise". C'est une vaste mascarade, enrichie par les apports de toutes les communautés qui circulent et véhiculent. C'est le carnaval des campagnes roumaines, avec ces masques païens au rictus étrange qui ornent la pochette et donnent le ton. Un grand jeu de masques auquel le Taraf apporte aujourd'hui sa touche fiévreuse et endiablée.

Comme ils ont bon goût, le répertoire s'éloigne du tout-venant. Plutôt que la Danse du sabre de l'Arménien Khatchaturian, qu'aucun accordéoniste roumain ne saurait oublier en ouverture de mariage, le clan s'approprie Lezghinka, pièce basée sur une danse populaire tchétchène (et extraite du même ballet Gayaneh). Il s'intéresse aussi, forcément, aux Danses populaires roumaines réinterprétées par Bartók. Ces airs ont un parfum familier aux oreilles des Haïdouks. D'autres furent plus longs à mémoriser, car rappelons-le, personne ne lit couramment la musique au sein du Taraf. Il a fallu plusieurs répétiteurs, qui les ont aidés à déchiffrer d'oreille chacune des phrases musicales, puis des semaines de travail pour pleinement les appréhender. Ce n'est qu'ensuite que les lautari ont pu ouvrir les vannes de l'ornementation et l'improvisation, sauter d'une harmonie à l'autre en laissant parler la poudre. Car l'album prend aux tripes. Ce n'est pas sagement aligné comme une version symphonique. Et la tradition propre au Taraf s'en mêle. C'est un nouveau folklore, presque comme un juste retour des choses. La bande-son idéale d'un cabaret d'un genre nouveau, où l'on entend les "Feuilles mortes" entre deux lancinantes échappées, où la guest star se nomme Virginica et chante comme Edith Piaf, où une valse côtoie une sirba. Voilà de quoi surprendre.
 


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